Travail photographique sur la charge émotionnelle vécue souvent par les mères qui consiste à se soucier d’avantage du confort émotionnel des autres au détriment du sien et qui met en péril la santé mental des femmes.
Dans ma vie de mère, j’ai vécu de nombreux évènements heureux, d’autres moins. À chaque étape, j’établis un lien avec mon travail photographique. Retrouvé mon souffle en gravant les moments difficiles me permet de dépasser les épreuves et d’avancer malgré tout.
Je suis arrivée à ce moment où mes deux premiers enfants ne sont plus des enfants justement et je vis en conflit avec leur mal-être adolescent. Depuis, la charge émotionnelle est assourdissante. L’inquiétude grandit avec eux. Je vis dans ma chair leur manque de sens, leurs envies de destruction, leurs égarements…qui résonnent avec les miens, les anciens et ceux qui sont toujours là. Planète au centre de leur monde infantile devenue satellite lointain.
Démunie, je tente de les soutenir comme je peux. C’est très particulier de vivre le désespoir de ses enfants en essayant de les rassurer et de leur donner envie de grandir encore, de devenir.
Je ne parle pas ici de photos de famille ou de photos souvenirs mais de tableaux de vie, des traces qu’ils me laissent pour qu’à la fois je garde en mémoire et dépasse cette étape de leur vie en résonnance avec ma propre adolescence, de me souvenir du lien et de la transformation de notre relation mère-enfant en mère-adulte par ce passage obscur de l’adolescence.
Un aller-retour entre mémoires et possibles.