Absurdicule

Depuis que mes enfants sont en âge de parler, je traque le petit mot qui me fera sourire, la petite erreur qui rend la vie plus poétique, plus drôle, plus belle.
Je ne les ai jamais repris. Je leur ai laissé le soin de s’inventer un vocabulaire, des mots à eux pour mon plus grand plaisir et celui de leur père.
Il se trouvait bien évidemment toujours une grand-mère, une institutrice, un éducateur, un adulte pour les reprendre. Parfois, ils en ont souffert, se démenant face à cette grande personne qui corrigeait leurs erreurs : « Mais je ne comprends pas, chez nous on dit pas comme ça ! ». Parce que souvent ces petites erreurs devenaient la propriété de la famille toute entière.J’ai un peu honte… Ça m’a tellement plu de les entendre se tromper. On en a souvent ri.
J’ai aussi assisté à des scènes qui m’ont déchiré le coeur : avec leur petits yeux remplis de  désarroi qui me demandaient où était la vérité. Alors je répondais que oui chez nous on disait comme ça et que ce n’était pas très grave. Après tout, on pouvait bien laisser les autres dire autrement, à leur façon…
Pendant la réalisation de ces photos, les 2 plus grands de mes enfants se sont rendus compte de la grande collection de mots qu’ils ont inventés «à leur insu» tous les 3 pendant toutes ces années. Et lorsque mon ainé a vu la photo du Bouddha, il m’a dit «mais c’est Gouda, maman ! Là tu t’es trompée !» Le meilleur c’est que quelques heures plus tard quand je montrais mon travail à sa soeur de 13 ans, elle m’a fait exactement la même remarque. 
Il se sont approprié ce vocabulaire et Bouddha restera pour eux à tout jamaisGouda !J’aime ça que tous ces mots n’appartiennent qu’à nous, notre famille. Et souvent ils fontécho de ce que nous sommes…Mes enfants aiment voir tous leurs mots inventés mis en scène. C’est une trace de leurenfance, des images poétiques de ce qu’ils ont vécu ou des objets qu’ils ont possédés.Mais c’est ainsi dans toutes les foyers. Seulement nous avons accentué le trait en intégrantces mots dans le vocabulaire de la famille, parfois même des amis.En y réfléchissant un peu, chaque parent se souvient des petits «mots d’enfants», de tousces petits mots que les enfants disent en se trompant. Parfois drôle, parfois poétique ouattendrissant…Pour la prochaine série, je souhaite faire participer le public. A chaque exposition, il y aura un cahier où chacun aura la possibilité de glisser un mot et sa « traduction ».
 
(dossier de presse disponible par mail)